Rêveries poétiques...
La composition

La plume est en suspend, elle a pris de l’avance

Sur la matière grise, vivant dans l’insouciance.

Le sujet touffu, s’embrouille en écheveau,

Des tiroirs aux idées surgissent des chevaux

La crinière au vent, les naseaux arrondis,

Ils s’échappent en ruant la croupe rebondie.

Des étincelles fusent des fers de leurs sabots,

Hennissants, frémissants, ils s’éloignent au galop…

 

La page est toujours blanche, le devoir n’est pas fait,

Le rêve est encore là, qui voile les idées.

Les chevaux sont partis, mais arrivent des bois

Mille bruits mélodieux que l’oreille perçoit.

Des oiseaux en nuées s’installent dans la tête,

Ils gazouillent, s’ébrouent, picorent, c’est la fête,

Et, dans l’instant qui suit, c’est une sarabande

De tout ce petit monde qui fuit et de débande.

 

Les gens à demi clos, perdu dans ses visions,

L’enfant dans un sourire assouvit ses passions.

Il n’est pas endormi, bien qu’à peine éveillé,

Le cerveau embrumé, rêveur émerveillé,

Il est loin de l’école, des cours et des devoirs,

Pour lui, nature et animaux seront tout son savoir.

Il est très heureux survolant ce domaine

Qu’il parcourt dans un songe en de menues fredaines

C’est le temps de l’enfance avec ses contraintes :

Apprendre, toujours apprendre, éternelle complainte ;

Malheur à celles et ceux qui donnent en pâture

Tout un avenir. Préférant en parure,

Les fleurs, la forêt, les sources, les vallons,

La couleur du ciel au détour des saisons.

Ils ne seront jamais de ces chasseurs voraces

Supprimant toutes entraves pour acquérir les places.

 

La rêverie prend fin, le cours est à son terme,

Le devoir terminé les cahiers se referment.

Bien que hors du sujet, la rédaction du texte

Rehausse sa valeur et sera le prétexte,

Suivant le correcteur Cicéron ou Pierrot

D’être mis au néant ou d’avoir des bravos.

Il n’est qu’un écolier heureux et disposé

A ne voir sur la terre que gouttes de rosée.

 

Malut Desgraulges