Anne est lasse d’attendre,
De ne rien voir venir,
D’être, il faut la comprendre
Tenue de s’abstenir.
A faire, noblesse oblige
Taire son petit cœur.
Mais personne ne s’afflige
A voir son air boudeur.
Il fallait être sage,
Pour elle, pour le nom,
Et, jusqu’au mariage
Préserver son fleuron.
Hier, Anne très soumise
Avait toujours dit oui,
Aujourd’hui, oh ! surprise,
Elle brave les interdits.
A 16 ans on découvre
Les secrets du bonheur,
C’est la porte qui s’ouvre
Et fait fuir la candeur.
Anne est toute tendresse,
Juvénile, ingénue,
Elle va pleine d’allégresse,
Découvrir l’inconnu.
Le bonheur est fugasse,
Incertain et menteur,
Un lutin dans l’espace,
Un ange ensorceleur.
Près de Anne il s’avance
Avenant, il sourit,
C’est un bain de jouvence,
Anne est au Paradis.
Mais, des mains il s’échappe,
Il glisse entre les doigts,
Dans le vent qui le happe
Son regard est sournois.
Anne veut le séduire,
Elle le cherche au hasard,
Impossible à saisir,
Il est déjà trop tard
Alors le temps se traîne
Dans un mortel ennui.
Anne tire sur des chaines
Le jour comme la nuit.
La vie semble morose,
Le soleil ne luit plus,
Le jardin est sans roses
L’espoir a disparu.
La jeunesse se fane
A pleurer sur son sort,
Le méchant, ma chère Anne
Est toujours le plus fort.
Il faut, face à la vie
Savoir sécher ses larmes,
Le chagrin nous murit,
Il affûte nos armes.
Redresse un peu la tête,
Regarde autour de toi,
Le bonheur, il te guette,
Il faut garder la foi.
Profite du moment,
Ne laisse pas filer
Le bonheur, garnement
Qui ne fait que passer.
Alors Anne superbe
Ouvre tout grand les bras,
C’est la fleur sur la berge
C’est l’oiseau qui s’ébat.
Fini le vague à l’âme,
Le ciel à nouveau bleu
Réactive la flamme,
Donne envie d’être heureux.