Rêveries poétiques...
Destin Fatal

Sous ses paupières cernées, une immense tristesse

Que souligne des rides, qu’accentue la vieillesse.

Il est seul, laché par tous les êtres chers,

L’espoir a disparu, la vie devient amère.

Lui qui hier encore était fier et joyeux,

Se retrouve en ce lieu, désabusé et vieux.

 

Il est là chaque jour, toujours au même endroit,

Brulant sous le soleil ou frissonnant de froid.

Il n’attend rien, et son chagrin l’inonde

Abandonné de tous dans cet endroit immonde,

Qui ressemble par l’horreur à l’un de ces mouroirs

Endroits forts bien connus, mais que l’on ne veut voir.

 

Le quotidien le laisse quasi indifférent,

Rien n’a prise sur lui, il ne voit pas le temps.

Les soins, la promenade, les heures des repas,

Tout se déroule au loin, son esprit n’est pas là.

Il vogue dans les champs, au milieu des senteurs,

Vagabonde sans but au gré de son humeur.

 

Il aime la solitude tout comme une maitresse

Il épanche en elle son besoin de tendresse.

La compagnie l’agace, lui hérisse le dos

L’ankylose le gagne, il n’aspire qu’au repos.

Son regard est éteint, la vue s’est affaiblie,

Lui si vif autrefois a perdu toute envie.

 

Des formes se dessinent au fond de ses yeux glauques,

Images déformées par sa vision de myope ;

Pourtant, là-bas au loin, mais qui vient d’apparaitre ?

Mais oui ! c’est bien lui ! voici le petit maitre !

Il vient chercher son chien, son brave compagnon,

Qui se languit d’ennui au fond de sa prison.

 

En un instant, cet animal malade,

Se transforme, s’agite, saute et gambade ;

Il se sent jeune et fort, tout cela à la fois,

Il aboit, il hurle de bonheur et de joie.

Un élan est donné à cette masse en peine

Il tire comme un fou tout au bout de sa chaîne.

 

C’en est bien fini de la morosité,

L’allégresse l’envahi à savoir tout quitter.

Ensemble, comme avant, ils s’en vont repartir,

Avant cet accident où tout devait finir,

Dans cette voiture dont le seul rescapé

Fut ce malheureux chien. Triste destinée…

 

Mais voilà éphémère, l’image a disparu,

Ce n’était qu’un mirage à peine entrevu.

Emporté, balayé par un souffle de vent

L’espoir de l’animal retombe en un instant.

Le vieux chien abattu, peut être pleure-t-il ?

Retourne se coucher tout au fond du chenil.

Malut Desgraulges