Rêveries poétiques...
Générations

C’était du temps où les terriens,

Vivaient très mal, vivant de rien.

Point de pouvoir et nul soutien,

Souffrance et crainte au quotidien.

Ne possédant ni sols, ni biens,

Ridés, fourbus, tous les anciens,

Fatigue et peur au bas des reins,

Rappellent le temps où  et combien !

Pour un peu d’eau, un bout de pain

« Juste de quoi tromper la faim »,

Il leur fallait tendre la main,

Afin de vivre jusqu’à demain.

C’était le temps du chapelain,

Le faux semblant samaritain,

Du maître des lieux, le châtelain,

Toisant la plèbe, l’air hautain.

 

Tout s’écroule avec les ans,

Le vrai d’hier se dissolvant

Dans la fumée et dans le vent.

(Tout se disloque au fil du temps.)

Voici grandis tous les enfants

Nés de croquants, nés de manants ;

Ils ont grand faim, de grandes dents.

Ils sont forts, entreprenants,

Ils jouent des coudes, intelligents

Ce sont eux les nouveaux géants.

Leur avoir s’en vient croissant,

Le pouvoir l’accompagnant.

Partis de rien, ces conquérants,

Durs pour eux-mêmes, intransigeants,

Ils sont, par leur acharnement,

Successeurs des nobles d’antan.

 

De ces géants sont nés des fruits.

C’est une jeunesse fleurie,

Tout en savoir, en gâteries,

La joie au cœur, l’air réjoui,

« Avec l’esprit épanoui »,

Qui comme un dû, sans tricherie

Demande aux adultes ahuris,

La meilleure part du beau biscuit.

Hélas ! hélas ! douce folie !

L’avenir du monde obscurci

(Miroir trompeur en rétréci)

N’est plus que pagaille et chianli.

C’est une génération de proscrits,

Dans un gâteau de duperies

Qui s’effrite et se détruit,

Voici les vaincus d’aujourd’hui.

 

Malut Desgraulges