Doucement, lentement tout au fond de ma tête
Il s'extirpe, invisible, je le sens qui me guette.
Il prend possession contre ma volonté,
De mon corps qui résiste, et de mes facultés.
L’adversaire sournois de l’intérieur me mine,
Je ne cèderai pas, un courage m’anime ;
Je lutte, je combats, j’accepte la bataille
Face à cet ennemi silencieux qui m’assaille.
Même battu, vaincu, navire en perdition,
Je préfère couler, mourir sans rémission.
La bête progresse, c’est elle la plus forte,
Sa pression s’accentue, un vertige m’emporte ;
Elle m’étreint, elle me ploie, elle me met à genoux,
Le monde autour de moi n’est plus que vague et flou.
Ce mal qui me harcèle et me saisit la gorge,
C’est l’Hydre mais cette fois exterminant Saint-Georges.
L’angoisse surgit, dans ses griffes me serre,
Je tombe, je bascule, c’est le gouffre, l’enfer.
Je suis un corps perdu, sans ressort, sans âme
Volonté écrasée ayant rendu les armes.
Pauvre erre misérable, pantin articulé,
Dans ma main, ce poison va me faire envoler
Toutes désillusions, échecs, monde pourri,
Des saveurs de la drogue, c’est la vie qui sourit.
Grâce à elle je cours, je m’élève, je plane,
Je file dans les airs telle la fusée Ariane.
Fini la pesanteur, loin très haut dans l’espace,
Je me prends pour Icare, je chevauche Pégase.
Je voyage en soucoupe, transformé en martien
Dans mon rêve de fou, l’univers m’appartient.
Ennivrement total, saveur inimitable
Qui dénouement fatal me laisse lamentable.
Plus faible après qu’avant face à l’adversité
Sans but, égaré, malade, de tous rejeté.
Je suis prisonnier de la drogue démente,
Inexorablement, je glisse sur la pente.
Elle fera de moi un mendiant d’illusions
Quémandant sans arrêt sa dose d’évasion.
Avenir des plus noirs où même les plus forts
Voient s’ouvrir devant eux les portes de la mort.