C’est un petit village, comme d’autres milliers,
Planté à mi colline la rivière à ses pieds,
Il voit passer les jours et les 4 saisons
Marqué par des blessures à ses vieilles maisons.
L’âge avancé de sa population,
Dénote une tendance à sa disparition.
Son cœur déjà vieux s’attriste et s’afflige,
Lorsque « fauche le vent » d’un seul geste oblige,
Un voisin, un ami à devoir tout laisser
Pour s’en aller rejoindre, ceux qu’il a vu passer.
De ce nouveau logis, d’où personne ne revient
Raconter aux vivants si l’on s’y trouve bien.
Autour de son église, en forme de rotonde
La place du village regroupe tout un monde :
L’école, la mairie, la poste, le boulanger
Et même un restaurant à ne pas négliger.
Il faut savoir garder ces métiers à demeure
Sans eux tout doucement les villages se meurent.
Les couleurs les plus vives rehaussent tout foyer,
Chacun à sa façon cherche à égayer,
A donner un plaisir, un air de bienvenue
Aux rares visiteurs arpentant la seule rue.
Ses maisons sont repeintes, les fenêtres sourient,
Les lauriers sont taillés et les rosiers fleuris.
Les fleurs abondent, elles grimpent, escaladent
La moindre pierre creuse, elles débordent en cascades
Les bacs, les massifs, garnissent les balcons
Se multiplient par dix dans un désir fécond.
Elles retombent emmêlées en grappes multicolores
S’offrant à la lumière pour s’ouvrir et éclore.
Venant de toutes parts, réparties en étoile,
Des routes le transperce, araignée sur sa toile,
Petits rubans étroits que bordent des futaies
D’où s’enfoncent des sentes dans le parfum des baies
Sinueuses ombragées, lignes au mauvais tracé,
Elles sont pour le village les seules voies d’accès.
Ce petit coin de terre perdu dans la campagne,
Simple point sur la carte, se défend avec hargne,
Théâtre, voyages, clubs, sport, équitation
Sont pour les habitants autant d’animations
Ajouter à cela le lac, le roc branlant
Qui déplacent aux beaux jours quantité d’estivants.
L’être humain est sensible, il n’est pas « la machine »,
Il a besoin d’attaches, de trouver ses racines
De se sentir chez lui heureux et protégé
Et si passe le temps, ne vouloir rien changer.
Il aime cet accord avec sa culture
Et profite du présent sans penser au futur.
Alors dans son village, il va faire une pause
Puisant l’eau à la source, goûtant à chaque chose.
Ses sens endoloris retrouvent leurs fonctions
Des souvenirs lointains, il reprend la notion.
La terre généreuse distille à loisirs
Des bienfaits quotidiens qu’il faut savoir saisir.
Charmant petit village perdu dans la verdure
Tu es simple, commun, mais tu es la nature.
Tu n’as pas la beauté des villages de montagnes
Pas plus que la richesse d’une fine champagne.
Mais ceux qui te connaissent ; paisible et engourdi
Se trouvent bien chez toi pour y passer leur vie.