Rêveries poétiques...
Vieilles pierres

C’est un petit village, comme d’autres milliers,

Planté à mi colline la rivière à ses pieds,

Il voit passer les jours et les 4 saisons

Marqué par des blessures à ses vieilles maisons.

L’âge avancé de sa population,

Dénote une tendance à sa disparition.

 

Son cœur déjà vieux s’attriste et s’afflige,

Lorsque « fauche le vent » d’un seul geste oblige,

Un voisin, un ami à devoir tout laisser

Pour s’en aller rejoindre, ceux qu’il a vu passer.

De ce nouveau logis, d’où personne ne revient

Raconter aux vivants si l’on s’y trouve bien.

 

Autour de son église, en forme de rotonde

La place du village regroupe tout un monde :

L’école, la mairie, la poste, le boulanger

Et même un restaurant à ne pas négliger.

Il faut savoir garder ces métiers à demeure

Sans eux tout doucement les villages se meurent.

 

Les couleurs les plus vives rehaussent tout foyer,

Chacun à sa façon cherche à égayer,

A donner un plaisir, un air de bienvenue

Aux rares visiteurs arpentant la seule rue.

Ses maisons sont repeintes, les fenêtres sourient,

Les lauriers sont taillés et les rosiers fleuris.

 

Les fleurs abondent, elles grimpent, escaladent

La moindre pierre creuse, elles débordent en cascades

Les bacs, les massifs, garnissent les balcons

Se multiplient par dix dans un désir fécond.

Elles retombent emmêlées en grappes multicolores

S’offrant à la lumière pour s’ouvrir et éclore.

 

Venant de toutes parts, réparties en étoile,

Des routes le transperce, araignée sur sa toile,

Petits rubans étroits que bordent des futaies

D’où s’enfoncent des sentes dans le parfum des baies

Sinueuses ombragées, lignes au mauvais tracé,

Elles sont pour le village les seules voies d’accès.

 

Ce petit coin de terre perdu dans la campagne,

Simple point sur la carte, se défend avec hargne,

Théâtre, voyages, clubs, sport, équitation

Sont pour les habitants autant d’animations

Ajouter à cela le lac, le roc branlant

Qui déplacent aux beaux jours quantité d’estivants.

 

L’être humain est sensible, il n’est pas « la machine »,

Il a besoin d’attaches, de trouver ses racines

De se sentir chez lui heureux et protégé

Et si passe le temps, ne vouloir rien changer.

Il aime cet accord avec sa culture

Et profite du présent sans penser au futur.

 

Alors dans son village, il va faire une pause

Puisant l’eau à la source, goûtant à chaque chose.

Ses sens endoloris retrouvent leurs fonctions

Des souvenirs lointains, il reprend la notion.

La terre généreuse distille à loisirs

Des bienfaits quotidiens qu’il faut savoir saisir.

 

Charmant petit village perdu dans la verdure

Tu es simple, commun, mais tu es la nature.

Tu n’as pas la beauté des villages de montagnes

Pas plus que la richesse d’une fine champagne.

Mais ceux qui te connaissent ; paisible et engourdi

Se trouvent bien chez toi pour y passer leur vie.

Malut Desgraulges