Le jour où j’ai connu Luciole,
J’avais encore des impulsions,
J’étais sensible et mes paroles
Ignoraient la diffamation.
L’amitié, toujours de mise
Me faisait tendre droit la main,
Je pensais, bien sur, qu’Artémise
Influait encore l’être humain.
Il me fallait cette autre école ;
Pour murir mon triste penchant,
Il est certain petite Luciole
Que ton système est plus tranchant.
Les hommes, « cette sale espèce »,
Feraient bien de se protéger,
Car sans te comparer à Lucrèce,
Pour notre sexe t’es un danger.
Tu parles de nous de telle façon
Que j’en arrive à frissonner,
Me demandant, si comme leçon
Tu n’aimerais pas nous chaponner.
Tu es injuste, violente, haineuse,
Lorsque tu nous définis ;
Dans tes paroles vitrioleuses
Les hommes ne sont que félonie.
Ta diatribe a pour seul prétexte
De passer « nos défauts » en revue :
Argent, boisson, tabac et sexe,
A croire que tu as tout connu.
Ce faisant, tu canalises
Sur nous toutes tes déceptions,
Ton amertume, nos paillardises
Tu as de l’imagination.
Avec les femmes qui t’entourent,
Tu procèdes, tout autrement,
C’est du mépris…tu le savoures
Et même y prend de l’agrément.
Pour toi, elles sont toutes bornées,
Et tu fais des comparaisons,
« le pied »…est de les désarçonner
Leur faire dire que tu as raison.
Tu leur exposes, chère Luciole,
Tes innombrables qualités ;
Tu dis tout faire en bricole
Et cela sans te flatter.
Tu les écrases, l’air espiègle,
Par tes exploits journaliers,
Au travail, tu es un aigle,
Les autres sont des écoliers.
Mais alors, Chère petite chose,
Je suis sincèrement stupéfait
Qu’une aussi pure et belle rose
N’ait pas trouvé l’homme parfait.
Il est vrai, la tâche est rude
Face à un être aussi complet,
Un homme aurait-il l’aptitude
Pour ne paraître pas trop simplet ?